Je l’admets, je suis régulièrement à la dernière minute. La
nature de mon travail fait en sorte que qu’il m’est difficile de prendre de
l’avance, je me prépare généralement pour mes cours à l’université la veille, et ma
vie est passablement assez occupée pour que je tente de remplir chaque moment
libre efficacement. Par miracle, malgré tout, je suis rarement en retard.
S’il existait une discipline olympique de course de
dernière minute, j’aurais certainement quelques médailles à mon actif. Mais je
m’éloigne… assez de vantardise!
À titre de preuve irréfutable de cette propension, j’ai
commencé à faire ma valise le matin même de mon départ lors de mon dernier
voyage à Paris. Je dois dire cependant, pour ma défense, que c’était la fin de
session universitaire, et que mon dernier examen s’était déroulé le soir
précédent, quand même!
Je suis aussi arrivée à la dernière minute à l’aéroport,
mais ça, c’est une autre histoire…
Mais ma valise n’est pas la seule chose que j’ai dû faire à la
dernière minute en prévision de ce périple. Comme je voyageais avec un ami, et
qu’il était convenu qu’à l’occasion nous visiterions chacun de notre côté, il
m’apparaissait essentiel d’avoir un moyen de communication entre nous durant
notre séjour. Ainsi, environ une semaine avant le grand jour, je me suis demandée
si je pouvais utiliser mon téléphone cellulaire là-bas.
Petite
histoire du cellulaire de Marie
Un cellulaire, moi? Je vous avouerai que je n’ai pas
embrassé rapidement l’idée du téléphone cellulaire. Rappelons-nous que je n’ai
pas toujours été une Miss Gadget! Jusqu’à (relativement) tout récemment, je
vous aurais juré de toute mon âme que jamais, au grand jamais, je ne
posséderais de cellulaire. Dépense inutile, gnagnagna…
En fait, j’étais assez contre l’idée d’être joignable en
tout temps, à la merci de ce gadget démoniaque qui met au rancart toute
velléité de tranquillité. Et en plus, je les trouve un peu ridicules ceux qui
donnent l’impression de converser avec des amis imaginaires en marchant sur la
rue, parce que branchés sur leur «mains libres ».
Je crois surtout que je craignais de devenir l’un de ces
impolis qui interrompent tout pour répondre à un appel, comme si ce qui
attendait au bout de la ligne téléphonique était forcément mieux que ce qui est
avec soi dans le moment présent, comme si manquer cet appel, équivalait à
manquer l’opportunité d’une vie. Je crois même que la publicité nous a présenté
les avantages du téléphone cellulaire dans cette perspective. Bref, pas pour
moi.
Vous avez sûrement tous assisté à cette scène dans un
restaurant romantique, alors qu’un des deux convives, l’air ennuyé, mange
silencieusement, tandis que l’autre semble davantage animé par sa conversation
téléphonique. J’en profite pour rappeler qu’il y a un piton «off» sur chaque téléphone.
Alors de grâce, servons-nous en ; le
monde n’arrêtera pas de tourner le temps d’un souper, surtout durant une « date
»!
C’est mon papa qui m’a un peu forcé la main, il y a trois
ans, afin que je me munisse d’un téléphone cellulaire. Je voyage régulièrement entre
Montréal et Stoke, un petit village près de Sherbrooke, où habite ma famille.
Évidemment, en raison des nombreux travaux et autres aléas de la circulation,
il m’arrive parfois d’être retardée, et papa m’a fait comprendre qu’il serait
peut-être pratique de le prévenir, au lieu de le faire poireauter au terminus.
Il y a eu aussi la fois où, trop à la dernière minute, j’ai
manqué le bus, mais ça, c’est une autre histoire…
Pourquoi
Marie a décidé de faire le saut
Il faut dire que la vie a passablement changé depuis que
j’ai commencé à effectuer ce trajet. Les retards monstres sur les autoroutes,
causés par la congestion routière, étaient plus rares à l’époque, et si votre
voiture tombait en panne, plusieurs bons samaritains prenaient le temps de
s’arrêter; vous pouviez sans crainte accepter leur offre de vous conduire au
garage le plus près. Aujourd’hui, cela semble moins vrai. Est-ce que certaines
craintes, réelles ou imaginaires, nous incitent moins à offrir ou accepter de
l’aide?
La technologie du cellulaire, dans ces circonstances,
s’avère bien pratique. On peut appeler le service de remorquage, ou un ami ou
membre de la famille à la rescousse, et ce, sans avoir à compter sur la
générosité de parfaits inconnus daignant s’arrêter. Est-ce pour le mieux en
nous rendant indépendants et sécurisés, ou est-ce pour le pire en ancrant plus
profondément l’individualisme au détriment de l’entraide et du sentiment
communautaire? Le jury délibère toujours…
En fait, je crois que le mode de nos vies actuelles a
justifié la popularité de ce gadget, a favorisé son développement, a
démocratisé sa possession.
Au final, j’ai accepté l’idée de m’acheter un téléphone
cellulaire. Encore fallait-il choisir le bon type, le bon modèle, le bon
forfait, ouf!
À suivre dans le prochain épisode…