mardi 23 octobre 2012

Marie s'achète un téléphone intelligent (1ère partie)


Je l’admets, je suis régulièrement à la dernière minute. La nature de mon travail fait en sorte que qu’il m’est difficile de prendre de l’avance, je me prépare généralement  pour mes cours à l’université la veille, et ma vie est passablement assez occupée pour que je tente de remplir chaque moment libre efficacement. Par miracle, malgré tout, je suis rarement en retard.

S’il existait une discipline olympique de course de dernière minute, j’aurais certainement quelques médailles à mon actif. Mais je m’éloigne… assez de vantardise!

À titre de preuve irréfutable de cette propension, j’ai commencé à faire ma valise le matin même de mon départ lors de mon dernier voyage à Paris. Je dois dire cependant, pour ma défense, que c’était la fin de session universitaire, et que mon dernier examen s’était déroulé le soir précédent, quand même!

Je suis aussi arrivée à la dernière minute à l’aéroport, mais ça, c’est une autre histoire…

Mais ma valise n’est pas la seule chose que j’ai dû faire à la dernière minute en prévision de ce périple. Comme je voyageais avec un ami, et qu’il était convenu qu’à l’occasion nous visiterions chacun de notre côté, il m’apparaissait essentiel d’avoir un moyen de communication entre nous durant notre séjour. Ainsi, environ une semaine avant le grand jour, je me suis demandée si je pouvais utiliser mon téléphone cellulaire là-bas.

Petite histoire du cellulaire de Marie

Un cellulaire, moi? Je vous avouerai que je n’ai pas embrassé rapidement l’idée du téléphone cellulaire. Rappelons-nous que je n’ai pas toujours été une Miss Gadget! Jusqu’à (relativement) tout récemment, je vous aurais juré de toute mon âme que jamais, au grand jamais, je ne posséderais de cellulaire. Dépense inutile, gnagnagna…

En fait, j’étais assez contre l’idée d’être joignable en tout temps, à la merci de ce gadget démoniaque qui met au rancart toute velléité de tranquillité. Et en plus, je les trouve un peu ridicules ceux qui donnent l’impression de converser avec des amis imaginaires en marchant sur la rue, parce que branchés sur leur «mains libres ».

Je crois surtout que je craignais de devenir l’un de ces impolis qui interrompent tout pour répondre à un appel, comme si ce qui attendait au bout de la ligne téléphonique était forcément mieux que ce qui est avec soi dans le moment présent, comme si manquer cet appel, équivalait à manquer l’opportunité d’une vie. Je crois même que la publicité nous a présenté les avantages du téléphone cellulaire dans cette perspective. Bref, pas pour moi.

Vous avez sûrement tous assisté à cette scène dans un restaurant romantique, alors qu’un des deux convives, l’air ennuyé, mange silencieusement, tandis que l’autre semble davantage animé par sa conversation téléphonique. J’en profite pour rappeler qu’il y a un piton «off» sur chaque téléphone. Alors de grâce, servons-nous en ;  le monde n’arrêtera pas de tourner le temps d’un souper, surtout durant une « date »!

C’est mon papa qui m’a un peu forcé la main, il y a trois ans, afin que je me munisse d’un téléphone cellulaire. Je voyage régulièrement entre Montréal et Stoke, un petit village près de Sherbrooke, où habite ma famille. Évidemment, en raison des nombreux travaux et autres aléas de la circulation, il m’arrive parfois d’être retardée, et papa m’a fait comprendre qu’il serait peut-être pratique de le prévenir, au lieu de le faire poireauter au terminus.

Il y a eu aussi la fois où, trop à la dernière minute, j’ai manqué le bus, mais ça, c’est une autre histoire…

Pourquoi Marie a décidé de faire le saut

Il faut dire que la vie a passablement changé depuis que j’ai commencé à effectuer ce trajet. Les retards monstres sur les autoroutes, causés par la congestion routière, étaient plus rares à l’époque, et si votre voiture tombait en panne, plusieurs bons samaritains prenaient le temps de s’arrêter; vous pouviez sans crainte accepter leur offre de vous conduire au garage le plus près. Aujourd’hui, cela semble moins vrai. Est-ce que certaines craintes, réelles ou imaginaires, nous incitent moins à offrir ou accepter de l’aide?

La technologie du cellulaire, dans ces circonstances, s’avère bien pratique. On peut appeler le service de remorquage, ou un ami ou membre de la famille à la rescousse, et ce, sans avoir à compter sur la générosité de parfaits inconnus daignant s’arrêter. Est-ce pour le mieux en nous rendant indépendants et sécurisés, ou est-ce pour le pire en ancrant plus profondément l’individualisme au détriment de l’entraide et du sentiment communautaire? Le jury délibère toujours…

En fait, je crois que le mode de nos vies actuelles a justifié la popularité de ce gadget, a favorisé son développement, a démocratisé sa possession.

Au final, j’ai accepté l’idée de m’acheter un téléphone cellulaire. Encore fallait-il choisir le bon type, le bon modèle, le bon forfait, ouf!

À suivre dans le prochain épisode…