samedi 22 décembre 2012

Marie s’achète un téléphone niaiseux


Bon bien, puisque la fin du monde n’a (manifestement) pas eu lieu, voici la suite de mes aventures. À défaut d’un conte de Noël, je vous propose un conte technologique. Dans l’épisode précédent, je m’étais finalement rangée aux (pas si) subtiles allusions et arguments de mon papa qui, en plus, m’avait donné des sous à Noël pour embrasser la technologie cellulaire.  J’avais donc flanché.

Je dis Noël, mais dans ma famille, nous échangeons nos cadeaux au Jour de l’An. « Quelle importance? », me demanderez-vous. C’est que je me suis présentée dans les boutiques, non pas au Boxing Day, mais plutôt un 2 janvier. J’ai donc entendu maintes fois durant mon périple: « Madame, vous auriez dû venir au Boxing Day, on avait un gros spécial sur ce modèle-là! » ou encore : « Il ne m’en reste plus, je les ai tous vendus la semaine dernière! Mais je peux vous le commander, ça va prendre 1 semaine. »

Euh…non.

Je suis finalement tombée sur un vendeur assez sympathique qui n’a pas levé les yeux au ciel, ou lâché un pas si subtil soupir d’exaspération, lorsque je lui ai mentionné que ce serait mon premier téléphone cellulaire, et surtout, que je n’y connaissais rien.

Je préfère généralement avertir les vendeurs de mon ignorance, que j’exagère parfois, car cela me permet de tester la confiance que je peux leur accorder. S’ils me perdent dans une masse de caractéristiques techniques, sans s’assurer que je comprends ce qu’ils disent, sans s’assurer que ces détails sont essentiels à l’utilisation que j’ai l’intention de faire de l’appareil que je souhaite acheter, je me méfie. Surtout s’ils continuent malgré que je les avertisse gentiment.

« Je vais y penser », que je leur dis alors.

Mais ce vendeur-là n’a pas bronché lorsque je lui ai répondu : «Téléphoner. » La question était : « Qu’avez-vous l’intention de faire avec votre téléphone? » Bon point pour lui. Après s’être toutefois assuré que je n’avais effectivement pas l’intention de naviguer sur Internet, il a alors indiqué qu’on laisserait tomber les téléphones intelligents. « C’est en plein ça, je voudrais un téléphone niaiseux », que je lui dis. Il a ri. Deuxième bon point pour lui.

Je l’ai bien aimé ce téléphone. Je pense même parfois à lui avec nostalgie, comme à un premier amour (Marie, laisse tomber la ponce au gin!). Il tenait bien dans ma petite main, son écran était d’un bon format, son clavier juste assez sensible. Ciel! Que j’en ai passé du temps à texter en appuyant  2, 3, 4 fois sur les touches pour avoir la bonne lettre, et recommencer parce que je me trompais en voulant aller trop vite. Ah! Le temps où ça prenait 2 minutes à texter « Où es-tu? »

Il a fait honorablement son travail, mon téléphone niaiseux. Grâce à lui, j’ai pu avertir mon papa à quelques reprises que je serais en retard, et j’ai même une fois appelé mes parents, et ma meilleure amie pour son anniversaire, du haut d’un mont sur une des Îles-de-la-Madeleine.

J’ai toutefois dû m’en séparer avec tristesse alors que je m’apprêtais à partir à la découverte de Paris avec un ami au printemps 2012. Comme nous n’avions pas l’intention de faire les siamois, et de déambuler chacun de notre côté, il nous fallait un moyen de communication que l’on pouvait utiliser outre-mer. Me voilà donc de retour en boutique pour m’informer si je pouvais amener mon niaiseux avec moi. La vendeuse, tout aussi sympathique que le premier vendeur, fut très empathique à ma douleur lorsqu’elle m’annonça que mon modèle était trop désuet pour l’ajout d’une carte SIM qui me permettrait de communiquer « dans les Europes » sur les réseaux locaux. Soupir!

Je vous rappelle que j’étais à la course, car je devais quitter quelques jours plus tard pour la Ville-Lumière. Il y avait un spécial sur des modèles de l’année d’avant qui n’avaient pas été écoulés lors du Boxing Day (avec raison, je dois avouer…). J’ai donc commis quelques erreurs en raison de ma hâte; je n’ai pas acheté le modèle qui me convenait.

Je n’insisterai jamais assez sur l’importance de prendre son temps lorsque vient le temps de se choisir un appareil mobile. Des détails aussi insignifiants que le confort lorsqu’on tient l’appareil en main s’avèrent primordiaux. J’ai échappé le mien plusieurs fois parce qu’il était juste un peu trop gros pour ma petite main. Une chance que j’avais acheté un protecteur antichoc! À mon retour, je l’ai changé pour un autre modèle. Avec frais, évidemment!

Cela faisait un certain temps que je songeais à changer mon téléphone niaiseux pour un intelligent et à évoluer avec mon temps. J’avoue que je regardais parfois avec envie ceux qui pouvaient chercher directement sur leur téléphone, sans attendre d’être à la maison, des informations sur Internet. Je me suis laissée convaincre de prendre un téléphone intelligent, mais je dois dire maintenant que je ne m’en passerais plus. Internet, courriels, Facebook, meilleur clavier pour les textos, appareil photo potable, et même, meilleure qualité de son en appel. J’aime mon téléphone intelligent autant, sinon plus, que mon niaiseux.
J’ai même d’ailleurs pris un rendez-vous avec une clinique pour me le faire greffer à la main.